Cette semaine Asphodele nous a donné comme thème: Transparence. Voici les mots à utiliser :
Invisible, fantôme, innocence, introuvable, dentelle, brouillard, psyché, honnête, insignifiant, dessous, eau, politique, diaphane, visible, cristal, nudité, blog, voile, lumière, lagon, briller, vérité, fantaisie, traverser, vagabonder, vapeur, vin.
Chaque matin j’arrivais devant l’entrée du bâtiment, invisible fantôme parmi la foule pressée. Ici il n’y avait plus de place pour l’innocence, trop vite balayée par une politique violente où le plus faible était rabaissé, où la personne honnête était menacée et parfois même frappée afin d’assurer son silence.
Etre pâle et diaphane, je traversais la cours rapidement afin de rejoindre la salle de classe au plus vite. Je ne faisais pas partie de cette catégorie d’adolescent au bas de l’échelle ni même de ceux qui se considéraient comme l’élite. J’étais insignifiante. J’avais compris depuis longtemps comment me fondre dans le décor afin d’échapper au regard.
La journée s’écoulait lentement, cours après cours, sans intérêt, aucun. Parfois je parvenais à m’échapper. Assise dans un coin à la bibliothèque, je me plongeais dans des récits qui m’emmenaient loin vers des îles pleines de pirates et de perroquet nommé Flint, des lagons bleus brillants de mille feux sous le soleil qui dorait ma peau et où Paul pêchait en attendant le retour de Virginie, puis les vapeurs du verre de vin que m’offrait un gentleman-cambrioleur m’enivrait. Malheureusement le temps s’écoulait vite et je devais retourner à la réalité.
Pourtant le soir lorsque la porte de ma chambre se refermait, la psyché me renvoyait une autre image. Le brouillard se dissipait et je traversais un voile numérique. L’écran s’allumait. Mes doigts vagabondaient sur le clavier. J’écrivais un monde où l’invisible devenait visible, où la pacotille devenait cristal.
Non, je ne camouflais pas la réalité. Je faisais juste briller la lumière de la vérité. Sans aucune fantaisie je racontais sur mon blog les dessous d’une vie qui n’était faite ni de dentelle ni de paillette.
Chaque articles étaient suivi par presque tous les élèves du collège et largement commenté. Ils se rendaient compte de ce qu’il y avait dessous, introuvable ailleurs : une critique de la société dans laquelle nous nagions en eaux troubles sans savoir ce que nous réservais l’avenir. Le présent était déjà bien compliqué.
Ma victoire était simple : derrière cet écran je pouvais être moi-même. Je me rendais compte que cela était paradoxal puisque personne ne savait qui j’étais. Ici je me dévoilais et écrivais ce que j’avais sur le cœur. Je mettais à nue mes sentiments, ce qui me choquait ou m’horrifiait. Nudité relative car couverte d’anonymat.
Cette page me permettait de résister à la détresse qui se frayait un chemin dans mon cœur un peu plus chaque jour. Je voulais être plus forte et je me promettais d’y parvenir quelque soit le moyen.
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Je remarque que l’on s’est tous énivrés de vin…il doit être rudement bon hein ??
J’ai beaucoup ton texte et ta façon d’écrire………….Merci du partage
A consommer avec modération 🙂 Merci à toi.
L’écriture a le pouvoir de nous grandir, de nous faire nous dépasser. Dommage pour ton héroïne qu’elle se sente obligée de rester dans l’ombre. Qui sait les prouesses dont elle serait capable…
Elle est jeune , le temps la fera peut être s’épanouir.
Françoise Sagan était une adolescente insignifiante et mal dans sa peau…
On sait que ce n’est pas irréversible.
Belle tranche de vie, les sorcières!
Merci beaucoup.
j’ai aimé ta réflexion intéressante sur l’anonymat et l’apport d’un blog pour pouvoir enfin être soi-même, sans le regard des autres ….le mal être d’une adolescente aussi 😉
Merci. Même si c’est un texte de fiction je sais combien l’ adolescence est un moment difficile . Nous somme tous passé par là il y a plus ou moins longtemps.
Le blog est une façon de se désinhiber (avec ou sans vin), il permet aussi des relations qui n’auraient pas existé dans la vraie vie ! Il n’y a rien d’insignifiant, chaque être humain a un potentiel, une âme et il en délivre une petite part à travers ses écrits ! Continue Marie, c’est bien ! 🙂
« Il n’y a rien d’insignifiant, chaque être humain a un potentiel » je suis tout à fait d’accord avec toi mais à cet âge là ils ne s’en rendent pas forcément compte .
Le refuge des livres qui s’allie à l’ordinateur… Ca peut-être le début d’une belle histoire, avec un peu de dystopie. J’aimerais bien lire la suite.
Merci. Peut être si les mots d’Aspho si prête.
Un très joli texte Marie, j’ai adoré !! Cette phrase en particulier : « J’écrivais un monde où l’invisible devenait visible », c’est vraiment très beau…
Merci beaucoup.
Une jolie phrase qui me plait bien : »je racontais sur mon blog les dessous d’une vie qui n’était faite ni de dentelle ni de paillette. »
Dommage !
Merci. Le monde serait tellement plus doux en dentelle et paillette mais là nous serions dans une utopie. 🙂
mettre à nu ses sentiments…derrière un écran: cachottière
Dans la pénombre d’une chambre lorsque la porte est close tout peut arriver 😉
Je pense que l’écriture est un meilleur moyen de s’échapper du réel que le vin qui au delà d’une certaines dose ne révèle pas toujours les meilleures face des individus
Bien d’accord avec toi: un verre ça va, deux verre bonjour les dégâts! 😀
J’ai beaucoup aimé ton texte, tant la forme que le fond, très bien vu : bravo !
Merci beaucoup 🙂
le blog comme refuge et comme écran d’une autre facette de notre personnalité : j’adhère ! bises
Merci. Parfois c’est plus facile derrière un écran.
Serions nous encore des adolescent(e)s derrières nos blogs respectifs ?
J’espère qu’on garde tous une petite part d’adolescence et d’enfance en nous ^^
Jaime beaucoup ton texte. Mais ou est l héroïne de tes autres textes… moi je veux connaitre la, les suites…
Alors un blog au XIXeme je ne me sentais pas trop de le mettre ^^ quoi que j’ai lu un texte des plumes où Blog était le nom du chien 🙂
Hello les Sorcières,
Un beau moment de lecture, dissimulée derrière mon écran, je fais semblant de travailler 😉
Dans nos e-histoires, ce qui est bien c’est que l’on peut mettre un blog au 19e siècle, appeler son chien par ce mot, mélanger les modes et les genres, bref, nous sommes en liberté totale 😆
Bises de Lyon
Oui chacun crée, partage, avoue . C’est ça aussi qui est beau 🙂
Être invisible peut-être une façon de se faire voir sur la toile. 😉 Superbe texte, qui invite à l’introspection. 😀
Merci.
transparente,, tu es transparence. Personne ne t’aperçois.Sauf le miroir de ton écran où le fantôme se voit. Drôle de miroir les fantômes ne se reflètent pas donc tu n’est pas si transparente que cela quelqu’un finira bien par te découvrir ! Ah ! l’adolescence quelle rêverie inlassable et qui nous fait grandir dans son invisibilité
Superbe sujet ! J’ai beaucoup aimé. Mais il est vrai que cela nous change du 19 ème siécle.
Merci beaucoup. Je compose avec les mots des listes des plumes et certaines ne conviennent pas au 19eme ^^ Je m’adapte.