
Déjà notre troisième rencontre 🙂 et aujourd’hui c’est Vanessa Terral qui répond à nos questions. Nous n’avons pas eu l’occasion de la rencontrer en chair et en os ( 😦 ) mais nous avons beaucoup échangé via internet et c’est une personne super abordable qui prend le temps de discuter et ça fait plaisir. En plus son univers est proches du notre ce qui nous la rend d’autant plus sympathique ( je connais peu de personne qui savent ce que sont les mâcheurs/mâchonneurs ^^)

Les sorcières: Quel est ton parcours en tant qu’auteure ? (Depuis quand ? Comment ? …)
Vanessa Terral : Raconter des histoires, je fais ça depuis toujours. L’idée de les partager est venue avec la découverte du fanzinat et des fanfictions. Je suis d’ailleurs très fière d’avoir écrit la première fanfic yaoi francophone dans l’univers d’One Piece, sur fanfiction.net !
À Paris existe un petit festival qui s’appelle Harajuku. On y croise des fanzines mangas (vu le nom, vous vous en doutiez…), mais aussi quelques fanzines d’Imaginaire. C’est là que j’ai rencontré Lionel Bénard et son Borderline, dans lequel j’ai eu ma première nouvelle publiée. Petit à petit, je me suis mise à fréquenter les salons de l’Imaginaire, notamment en tant qu’ambassadrice de l’association MéluZine, et ce fut le doigt dans l’engrenage : premières soumissions pour des appels à textes, fanzines, webzines et anthologies ; premières publications – la toute première « pro » fut dans H.P.L. 2007, aux éditions Malpertuis. J’ai eu vraiment beaucoup de plaisir, et c’était une très grande chance, que de pouvoir rencontrer les éditeurs et les membres des associations ! Fréquenter les salons, discuter avec les gens des maisons, les autres auteurs, les illustrateurs (j’adore les illustrateurs, qui développent leurs propres univers et leurs récits, tellement passionnés et passionnants… Certaines œuvres graphiques peuvent m’inspirer des nouvelles entières !) a vraiment été un privilège et a fortement influencé mon parcours.
J’ai rencontré Cécile Guillot par le biais du fanzinat (Éveil et Pénombres, de l’association Transition ; Les Soupirs de Ligeia…) et du webzine (Le Royaume des fées). Nous nous sommes assez vite bien entendues, grâce à un imaginaire commun, je suppose, et ce genre d’affinités qui forment les amitiés à distance. Lorsqu’elle a créé les éditions du Chat noir, elle m’a demandé si je souhaitais participer à leur première anthologie : Le Lamento des ombres, puis si j’avais un projet de roman one-shot sous le coude. Il se trouve que c’était le cas… Le comité de lecture a aimé le pitch que je leur ai confectionné et L’Aube de la guerrière est né.
Après cela, j’ai voulu m’essayer au roman-feuilleton, que nous permettent de développer les eLivres. Je suis les éditions du Petit Caveau depuis leur création – avec un vrai coup de cœur pour la série Les Soupirs de Londres, d’Ambre Dubois – et celles-ci offraient cette possibilité. Cinq pas sous terre est plus sombre, les personnages plus durs et désespérés que dans ma première œuvre. On me dit parfois que les deux ne peuvent pas vraiment être comparés.
LS: Tu écris aussi bien sur les diverses religions magiques (Wicca, vaudou…) et diverses mythologies (anges, vampire…). C’est un univers qui te parle ? Tu te documentes comment ?
VT : Totalement ! Lorsque j’étais petite, il y avait dans la bibliothèque familiale un énorme livre sur les mythologies du monde. J’ai adoré m’y plonger ! J’avais aussi la Bible illustrée et, à côté de cela, L’Iliade et L’Odyssée pour les enfants. Un peu plus tard vint le très bon La Mythologie racontée à Juliette, de Jean Duché. Il y avait également les romans d’Odile Weulersse, en particulier dans des univers aztèque et égyptien. D’avoir lu tout ça, sur un plan d’égalité, et d’y avoir baigné depuis toute petite a créé les bases de mon imagination et une fascination pour ces récits et les croyances qui s’y rattachent. Au moment du collège, j’ai lu Le Cycle du Graal de Jean Markale, et à peu près en ce temps-là, j’ai découvert les Grandes Encyclopédies de Pierre Dubois. Tout ce qui a trait aux légendes, aux pratiques cultuelles – en particulier par le biais des documentaires et des récits d’ethnologues et d’anthropologues – me fascine.
Tiens, autres livres pour enfants de très bonne qualité : les albums Mythes et Légendes, dans la collection Hachette Jeunesse. Je me documente par le biais d’essais, voire de manuels pratiques ; de la collection Découverte Gallimard, qui réussit à être à la fois ludique, agrémentée de très belles photos, intéressante et claire ; des articles de revues spécialisées disponibles gracieusement et très aimablement sur Internet. Par exemple, pour le roman court L’Ivresse du djinn qui paraîtra en mars dans le recueil Black Mambo, la quasi-totalité de mes références proviennent des revues Awal et Les Cahiers d’Études africaines.
LS: Quels sont les auteurs ou personnes qui t’inspirent ?
VT : Il y a des auteurs dont les récits m’ont marquée : Jean Markale et Pierre Dubois, que j’ai déjà cités. Ce dernier m’inspire aussi en tant que personne, pour sa gentillesse et ses vastes connaissances, mais également pour le lien qu’il manifeste avec l’univers qu’il partage dans ses œuvres. Lovecraft, bien sûr…
En tant que jeune adulte et écrivain débutant, j’ai eu deux « chocs » : Neil Gaiman, qui m’a autorisée à plonger gaiement (c’est le cas de le dire… :-p ) dans l’urban fantasy, et Patricia Briggs avec sa série Mercy Thompson, qui a aussi validé, en quelque sorte, des partis pris vers lesquels je me dirigeais : une urban fantasy avec une héroïne forte, une intrigue qui laisse une bonne part au quotidien, le mélange des mythologies… C’est grâce à elle que j’ai écrit L’Aube de la guerrière et Cinq pas sous terre à la première personne. En parlant de personne, l’auteure, en tant qu’être humain, est aussi très inspirante. Son respect des autres, de la nature, sa façon d’aborder la vie se ressentent dans ses œuvres.
LS: Quels sont tes projets pour cette nouvelle année ? Des salons prévus ?
VT: Il y a déjà la sortie de Black Mambo, un recueil de trois romans courts dont je partage la couverture avec Sophie Dabat et Morgane Caussarieu. Il sortira aux éditions du Chat noir à l’occasion du Salon du livre de Paris.
Concernant les projets d’écriture, je travaille en ce moment sur un roman qui devrait être publié chez J’ai Lu en fin d’année ou début 2016 : Le Gardien de la source. Fait rare pour moi, il se situe dans une époque historique, les Cent-Jours qui marquent le retour de Napoléon. Il mélange roman gothique, romance, mythe grec… Pour m’y consacrer, j’ai mis en pause un autre projet. Nuits chthoniennes renoue avec mes récits habituels et se situe à notre époque. Il repose sur la légende de la dearg-due et sur l’extrapolation des pratiques de lithothérapie. Dès que Le Gardien est terminé, je m’y remets, ainsi qu’à un nouveau projet pour les éditions Láska.
Pour les salons, en revanche, cette année sera un peu le désert – surtout comparé aux années précédentes ! J’irai au Salon du livre de Paris, du 20 au 22 mars, pour la sortie de Black Mambo. Je squatterai le stand du Chat noir. Après, ça va dépendre de pas mal de choses. Il se pourrait que je me rende au Salon fantastique et à Fantassismik, sans garantie. Ça sera sans doute la première fois depuis six ou sept ans que je n’irai pas aux Imaginales, ça me fait tout bizarre…
LS: As-tu un livre de chevet ? Tu sais, celui que tu adores, que tu as déjà lu 15 fois et que tu conseilles tout le temps ?
VT : Pas vraiment, en fait… ^^ ; Je ne reviens pas trop sur des livres déjà lus, car il y en a tellement, tellement d’autres à découvrir ! Il m’arrive de relire des passages de La Chimère aux ailes de feu, de Li-Cam, publié chez Griffe d’encre ; parfois des poésies – mais ça fait nana qui se la pète… :-p En revanche, je lis et relis des contes et des légendes issus de tous les continents, pour le plaisir mais aussi pour mon activité de conteuse.
Je conseille régulièrement les livres de Patricia Briggs (Mercy Thompson, Alpha & Omega, Le Pacte du Hob) ; De bons présages, American Gods et Anansi Boys, L’Étrange Vie de Nobody Owens, Odd et les Géants de glace – sans compter les comics Sandman et Death, de Neil Gaiman (avec Terry Pratchett pour De bons présages) ; Les Annales de la Compagnie noire, de Glen Cook (avec un niveau parfois très inégal entre les tomes)…
Il y a quelques livres qui m’ont vraiment marquée : Ash et la Bête qui parle, d’Anthony Fon Eisen. J’ai dû le lire quatre ou cinq fois alors que j’étais en primaire. Avec le recul, je pense que c’est un roman qui a conditionné ma façon de voir la vie et la relation avec les êtres, tous les êtres. La série Le Commandeur, de Michel Honaker, pour la classitude du personnage qui est tombé au bon moment de mon adolescence. Un peu plus tard, le premier cycle des Princes d’Ambre, de Roger Zelazny, entre autres pour sa magie des passages entre les mondes. Et, dans ma vie d’adulte, Femmes qui courent avec les loups, de Clarissa Pinkola Estés. À mi-chemin entre l’essai et le guide pratique façon manuel d’auto-analyse jungienne, l’auteure, conteuse et analyste, propose de lire l’espace dans les silences des contes et de réveiller les archétypes féminins cryptés dans ces récits transmis par la mémoire de l’humanité. Lui aussi, je le conseille assez régulièrement…

Fan art de L’aube de la Guerrière
Merci aux Sorcières pour leurs questions et leur curiosité !
En leur souhaitant, ainsi qu’à vous, une année 2015 remplie de belles lectures, prenantes et envoûtantes !
LS: Un grand grand merci à Vanessa pour sa gentillesse et le temps qu’elle nous a accordé.
Quelques unes de ces histoires:



Son blog: https://vanessaterral.wordpress.com/
La semaine prochaine découvrez un peu plus sur Virginie goevelinger